Shaaban Abd El Rehim , un chanteur dangeureux

Il est décrit comme laid et vulgaire mais déchaine cependant les foules. Cet ancien repasseur du Caire a su se reconvertir dans le monde de la musique avec un style très particulier. Son premier tube " Ana Bakrah Israel " ( Je hais Israël ) l'a révélé aux yeux de la rue arabe et lui a fait connaitre la célébrité.


" Tout le monde connait Shaaban" , s'exclame Ahmed, un jeune français d'origine égyptienne. Avec un style vestimentaire ringard et des mélodies qui restent les même, Shaaban Abd El Rehim ou encore Shaabola comme il est appelé est connu à travers le monde arabe pour ses chansons dites " politiques".

La guerre au proche-orient (  , Je hais Israël)  l'invasion américaine en Irak ( El Darb Fel Iraq , la guerre en Iraq ) , la feuille de route , la dernière guerre du Liban de 206 ( Etnen Assaker , deux soldats ) ou encore le Darfour ( Ashan Darfour aghany, je chante pour le Darfour)  le " roi de la chanson populaire" comme il est appelé enchaine les titres et ces derniers s'arrachent dans les rue du Caire ou encore de Gaza.

La dernière en date concerne l'élection de Barack Obama. Ce dernier le met en garde pour ne pas reproduire les erreurs du président Bush , " Eyak ya nass Obama Mayekonch zay Bush , Faites attention qu'Obama ne soit pas comme Bush".

Invité sur tous les plateaux de télévision , il intrigue, énerve ou encore fait rire. Shaabola reste un analphabète qui écoute ses chansons en boucles pour les apprendre par cœur. Ce sucés agace les chanteurs et les intellectuels qui ne le jugent pas aptes à parler de sujet politiques épineux et difficiles.
Mais les mots sont simples et accessibles à tous, pas de belles formules ni de poésies.

La rue arabe, trés souvent confrontée à des problémes sociaux se retrouvent en lui. Il vient du peuple et exprime leur souhait. Il avait traité sur le sujet de la vache folle avec sa chanson Genon el Ba'ar ( la folie de la vache ou autrement dit la vache folle ) et plus recemment sur le probléme de la grippe aviaire ( Enfelonza El Teyor ).

Le danger est qu'il s'adresse à une couche de la population délaissée par les gouvernements dans ces pays et ses mots sont avalés sans meme les mettre en doute une seule seconde. Meryam, une égyptienne de 27 ans affirme que tout son quartier au caire écoute Shaaban Abd El Rehim et que pour certains, ses CD sont plus attendus que certaines réformes.

Rien se semble pouvoir arrêter l'enfant du peuple qui s'enrichit au fil des événements politiques de la région et qui à travers la musique transmet des messages de haine et d'incompréhension.

Benjamin Katane